- Un habitant d’une résidence à Nanterre (Hauts de Seine) a découvert par hasard que sa clé ouvrait plusieurs appartements.
- Vachette assure qu’il s’agit d’un incident isolé.
- Les 150 serrures des appartements de la copropriété vont être changées.
Appartements spacieux et modernes, parking en sous-sol, petit espace vert : la résidence de Nanterre (Hauts de Seine) où habite Arthur* rendrait jaloux nombre de résidents franciliens. Elle a juste un inconvénient, qu’Arthur a découvert cet été : « Ma voisine m’avait prêté ses clés pour arroser ses plantes. Un jour, sans faire exprès, j’ai utilisé ma clé pour refermer son appartement, et ça a marché. Je me suis dit que c’était bizarre ».
Avec l’accord d’une autre voisine, Arthur tente l’ouverture d’un deuxième appartement : là encore, sa clé fonctionne sans forcer. Le cas est d’autant plus problématique que ces clés, fabriquées par Vachette, sont dites « protégées ». De par leur complexité – plusieurs millions de combinaisons sont possibles sur un même modèle de clé -, elles devraient, en théorie, être à l’abri d’une telle erreur.
Un problème peut en cacher un autre
Dans un premier temps, Arthur contacte donc l’entreprise pour lui faire part du problème. Fin juillet, deux serrures sont changées en urgence par un prestataire. Puis, en septembre, le groupe Vachette adresse un courrier au syndic de la résidence pour le rassurer. Dans sa lettre, dont 20 Minutes a pu prendre connaissance, l’entreprise explique que le fait qu’une clé puisse ouvrir un autre appartement est lié à « un bug informatique ». Vachette affirme en outre qu’elle a vérifié « le plan d’organigramme » de la résidence, autrement dit qu’elle s’est assurée que d’autres clés ne se transformaient pas en passe-partout.
Problème réglé ? C’est ce que pense Arthur… jusqu’à une réunion du syndic fin octobre. « On s’est demandé si le problème n’était pas plus étendu. On a décidé de tester d’autres serrures avec mon trousseau, toujours avec l’accord des propriétaires. Et là on s’est rendu compte que trois nouveaux appartements pouvaient s’ouvrir avec ma clé ». Au total, la clé d’Arthur permet donc d’ouvrir 5 appartements sur 12 testés.
« On ne veut pas déclencher de panique »
Pour couronner le tout, l’une de ses voisines se rend compte qu’elle peut accéder à des parties communes d’autres bâtiments de la résidence (local vélo, ascenseur, etc), alors qu’ils sont normalement impossibles d’accès pour elle. Le problème est donc bien plus important que ne le laissait entendre Vachette dans son courrier.
« On n’a pas osé ébruiter l’affaire dans l’immeuble, poursuit Arthur. On se dit que ça pourrait poser problème, notamment pour les assurances. Ma clé n’est peut-être pas la seule à ouvrir plusieurs serrures, mais on a eu peur d’en tester d’autres. On n’a pas voulu déclencher de panique dans la résidence ». Début novembre, le syndic demande donc à Vachette le changement de toutes les serrures et de toutes les clés des 150 appartements de la résidence. Il exige aussi 30.000 euros de dommages-intérêts pour compenser le préjudice subi.
« Des faits isolés »
« Bien évidemment, les opérations de remplacement et de pose des nouveaux cylindres, ainsi que la fabrication des nouvelles clés, seront entièrement à notre charge », explique à 20 Minutes Jean-Marc Cither, directeur de Vachette, qui « réserve sa réponse » sur la question des dommages-intérêts. Les nouvelles serrures commenceront à être livrées d’ici une dizaine de jours.
L’entreprise affirme également qu’aucune autre résidence n’a remonté un problème similaire. « On est sur des faits isolés, poursuit Jean-Marc Cither. Ce sont des sujets ultra-sensibles que l’on traque ». Vachette sait qu’elle n’a pas le droit à l’erreur : elle équipe notamment plusieurs prisons françaises…